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société, confiance & liberté

En ce temps où une grande incertitude sanitaire vient s’ajouter à une société déjà fragilisée, chacun s’accorde à reconnaître qu’il faut « recréer du lien social ». Plus que jamais, la valeur de confiance chère à notre réseau, est indispensable. C’est dans ce contexte que nous avons voulu créer la lettre SOCLE. En interrogeant des experts venant de tous les horizons, nous souhaitons mener une réflexion de fond sur le rôle de la confiance, en tant que socle de nos sociétés humaines.

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La confiance, socle des sociétés humaines

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octobre 2024 - entretien N°51

Julien Damon : « Quand on parle de natalité, ce qui compte le plus, c’est la confiance que l’on peut avoir dans son entourage : dans son conjoint, dans le mode de garde de ses enfants, etc. »

Sociologue, professeur à Sciences Po et à HEC, Julien Damon a développé sa compréhension des questions sociales en nourrissant ses recherches de son expérience dans les administrations publiques. Politiques familiales, sécurité sociale, urbanisme, question des sans-abri... autant de sujets auxquels il essaie d’apporter sa contribution. Que ce soit à travers l’enseignement, de nombreuses publications ou ses chroniques régulières aux Échos et au Point, son souci de la pédagogie et de la discussion illustre une approche vivante de la sociologie, dans laquelle le lien social n’est pas un vain mot. Une démarche que l’on retrouve dans son dernier ouvrage, Les batailles de la natalité (L’Aube, 2024) : Julien Damon y insiste sur l’importance de se mettre au niveau des préoccupations des individus et des engagements de confiance dont ils ont besoin, pour mieux construire une politique familiale adéquate.

septembre 2024 - entretien N°50

Maxime de Lisle : « Il faut créer du lien pour que les militants, les industriels et les politiques arrivent à travailler ensemble à la protection des océans. »

Ancien consultant en stratégie, Maxime de Lisle a fait le grand plongeon en 2020 : il s’est lancé dans la protection des océans… et la bande dessinée. Sa formation en finance ne le prédestinait peut-être pas à s’engager sur les bateaux de l’ONG Sea Shepherd, à l’assaut des braconniers au large des côtes africaines, mais l’amour de l’océan a parlé. Aujourd’hui secrétaire général de l’Ocean Sustainability Foundation, une ONG sous l’égide de la Fondation CNRS, il coordonne un panel international dans le cadre de l’ONU afin que scientifiques, décideurs et industriels des États membres agissent en vue de la durabilité des océans. Militant convaincu, Maxime de Lisle œuvre à la construction de la confiance entre les différentes parties prenantes de la société afin de préserver l’écosystème océanique. Et fait palpiter dans ses bandes dessinées l’air du grand large et la beauté du sauvage, ressources ô combien nécessaires à l’être humain !

juillet 2024 - entretien N°49

Charles Dubouloz : « Notre cordée repose d’abord sur la confiance que nous avons l’un dans l’autre, laquelle est possible parce que nous partageons une vision commune. »

Guide de haute montagne, Charles Dubouloz est aussi l’un des plus grands alpinistes de notre époque. Que ce soit dans le massif du Mont-Blanc, comme lors d’une ascension hivernale en solitaire pendant six jours et cinq nuits, ou dans les hauts sommets népalais, il a connu le soulagement et la joie de la réussite, tout autant que nombre de situations critiques. C’est donc d’une manière très physique, née du vécu, que Charles Dubouloz nous parle de confiance en soi, ou de confiance dans un compagnon de cordée. La confiance n’est pas un concept, mais une véritable ressource qui peut permettre de surmonter la peur et, dans les cas ultimes, de rester en vie. En cette période estivale – et olympique ! –, il nous rappelle que toute expérience avec l’élément naturel ramène à l’essentiel : nous ne pouvons pas maîtriser la nature, mais il nous incombe de donner le meilleur de nous-mêmes dans ce qui dépend de nous.

juin 2024 - entretien N°48

Nicolas Colin : « Au sein du monde économique, la confiance tient à une culture de place qui ne tolère pas la fraude, et à un système juridique qui fonctionne efficacement. »

Ingénieur, ancien haut fonctionnaire et entrepreneur, cette triple expérience fait de Nicolas Colin un connaisseur averti de l’économie numérique. Que ce soit à travers ses essais, dont L’Âge de la multitude (Armand Colin, 2012), ou dans le cadre de The Family, un incubateur de start-up qu’il a cofondé en 2013, il s’est toujours attaché à faciliter la compréhension et à construire des liens entre le monde entrepreneurial de la transition numérique et le monde de l’économie fordiste du XXe siècle. Ayant aussi goûté au meilleur comme au pire de l’entrepreneuriat, Nicolas Colin nous parle avec simplicité de la confiance trahie, et analyse lucidement les fondements nécessaires à la confiance pour que se développe un milieu économique sain et prospère.

mai 2024 - entretien N°47

Christophe Assens : « À la fois vecteur de simplification et moteur des relations, un réseau fonctionne grâce à une alchimie fondamentale qui s’appelle la confiance. »

Docteur en sciences de gestion, Christophe Assens est professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en- Yvelines. Spécialiste des réseaux, il en étudie le fonctionnement et leur impact sur les sociétés depuis de nombreuses années. Cette approche permet de discerner et d’expliquer de grands mouvements d’évolution, qu’ils soient historiques, économiques, sociaux, culturels... Dans ses différents ouvrages, Christophe Assens s’est autant intéressé aux réseaux dits sociaux, qu’aux répercussions de la logique de réseau sur les institutions, notamment dans le cas de l’Union européenne, ou encore au rôle encore trop ignoré des réseaux d’influence qui sous-tendent l’équilibre géopolitique mondial. Une constante se remarque : la position fondamentale de la confiance, condition sine qua non de l’harmonie en société.

avril 2024 - entretien N°46

Thérèse Hargot : « La confiance est le sujet principal sur lequel se fonde un couple. Au-delà du seul sentiment, aimer signifie faire confiance à l’autre. »

Thérapeute de couple et sexologue, Thérèse Hargot accompagne autant les couples que les célibataires sur des questions si intimes qu’elles se trouvent au fondement à la fois de la confiance en soi et de la confiance en l’autre. De cette expérience de la nature humaine, elle a su tirer des enseignements utiles à chacun, ainsi que des réflexions d’ordre sociologique sur la manière d’appréhender les relations affectives et sexuelles. Elle aborde ces sujets dans divers essais, dont le dernier en date, « Tout le monde en regarde (ou presque) – Comment le porno détruit l’amour », publié chez Albin Michel en janvier. Éducation à la vie relationnelle et sexuelle en milieu scolaire, influence de la culture américaine sur les couples occidentaux, féminisme versus masculinisme, autant de questions essentielles à considérer afin de gagner en lucidité pour vivre en société librement et en toute confiance.

mars 2024 - entretien N°45

Gabriel Hubert : « La confiance se fonde sur l’absence de preuves tangibles et révèle notre capacité à appréhender le risque. »

Ingénieur diplômé de CentraleSupélec et de l’université de Stanford, Gabriel Hubert est un entrepreneur spécialiste de l’analyse des données et des LLM (« large language models ») qui ont permis l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Avec Stanislas Polu, un ancien de chez OpenAI, il a cofondé Dust, une start-up très cotée dans le paysage de l’IA à la française, qui utilise la remarquable capacité des LLM de traduire à la volée tout type d’information technique dans le but de simplifier et de fluidifier les échanges internes entre les différents services d’une entreprise. Loin de tous les discours suscitant de la défiance vis-à-vis de l’IA, Gabriel Hubert souligne au contraire que l’intelligence humaine va s’en trouver stimulée, le bon usage de l’IA passant nécessairement par une phase d’éducation, comme il en est de n’importe quel outil.

février 2024 - entretien N°44

Blaise Agresti : « La confiance est le socle fondamental de tout commandement, qui plus est lorsqu’il s’agit d’opérations en montagne. »

Ancien officier de gendarmerie spécialisé dans le secours en montagne, Blaise Agresti est guide de haute montagne et cofondateur de Mountain Path, une école de management d’altitude. De sa longue expérience de commandement d’unités de gendarmerie, dont le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix, Blaise Agresti a nourri une certitude : la montagne n’est pas qu’un lieu d’amusement mais aussi une terre d’enseignements. Elle peut notamment inspirer des dirigeants confrontés à la gestion de crise. Passant de l’idée à l’action, il cofonde Mountain Path en 2017, un cabinet de formation qui amène les entreprises à prendre de la hauteur sur leurs pratiques managériales en s’inspirant de l’univers de la montagne. Au cœur du sujet : la confiance, socle de tout collectif et fondement de sa durabilité dans les épreuves.

janvier 2024 - entretien N°43

Jean-Baptiste Noé : « En géopolitique, la confiance ne peut se fonder sur le mensonge, car celui-ci ne conduit qu’à des drames. »

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire. Rédacteur en chef de la revue de géopolitique Conflits, il a fait de l’exigence de réalité et de vérité son cheval de bataille. Sans cette double exigence, la confiance ne peut se construire, qu’il s’agisse de la confiance entre les États, ou de celle reliant dirigeants et citoyens. Dans son ouvrage Le déclin d’un monde (L’Artilleur, 2022), il analyse d’ailleurs la fin de l’illusion européenne consistant à croire en la disparition de la guerre, et souligne la brutalité du réveil dès lors que la réalité ne peut plus être masquée. Enseignant et chercheur, Jean-Baptiste Noé est aussi convaincu de la nécessité d’une approche géopolitique en entreprise, et s’applique à transmettre les savoirs universitaires auprès des acteurs de terrain via Orbis, le cabinet de formation qu’il dirige.

décembre 2023 - entretien N°42

Laurel : « À donner sans rien attendre, juste parce que nous en avons envie, il arrive bien souvent que l’on bénéficie à notre tour de la générosité des autres. »

Laureline Duermael, plus connue sous le pseudonyme de Laurel, est auteure de bandes dessinées. Pionnière d’Internet avec l’un des premiers blogs dessinés, elle a su user des nouvelles technologies pour servir sa passion. En 2011, elle a également cofondé, dans la Silicon Valley, une start-up de jeux vidéo, Pixowl. De ses années d’expatriation, elle a rapporté quelques déboires entrepreneuriaux et une belle leçon de vie sur la confiance, racontée dans les deux tomes de sa célèbre BD autoéditée, Comme convenu (2016 et 2017). En ces temps de grandes mutations suscitées par l’intelligence artificielle, Laurel nous rappelle que les métiers de l’illustration ont depuis longtemps été soumis aux évolutions technologiques. Sans s’arrêter aux risques encourus, mieux vaut donc appréhender avec confiance et intelligence les nouveaux usages.

novembre 2023 - entretien N°41

Marie-Estelle Dupont : « La confiance se définit comme un lien avec l’autre et avec soi, qui repose sur le besoin de croire : pas d’espérance sans confiance, et pas de confiance sans espérance. »

Marie-Estelle Dupont est psychologue clinicienne. Nourrie de son expérience auprès de ses patients, elle constate une société en mal de courage, infantilisée, où les enfants sont les premiers perdants, notamment dans les cas de harcèlement scolaire. Pour autant, elle rappelle que les périodes d’effondrement sont suivies de renouveaux : si chacun retrouve sa « verticalité », la confiance, ressort primordial du psychisme humain, sera sauve. Marie-Estelle Dupont est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier, paru en octobre : Être parents en temps de crise – Comment restaurer l’équilibre psychique de nos enfants (Guy Trédaniel éditeur), où elle aborde la crise du covid et propose des ressources pour une éducation sereine.

octobre 2023 - entretien N°40

Andrea Marcolongo : « Je crois qu’à notre époque, cela fait du bien de s’habituer – de se réhabituer – à ce que la confiance puisse naître d’un dialogue, et non d’un monologue. »

Helléniste et écrivain, Andrea Marcolongo vient de publier deux ouvrages : Déplacer la lune de son orbite (Stock) et Le goût du risque (Grasset). Évoquant pour Socle le propos de ces livres, elle montre comment la confiance en l’avenir se tisse à partir des fils de la pensée classique, et à quel point la confiance en soi se forge en osant prendre le risque d’affirmer sa propre pensée, dans la joie et de manière engagée. Italienne d’origine, Andrea Marcolongo a également beaucoup vécu à l’étranger et réside à Paris depuis plusieurs années. De son expérience des langues, anciennes et modernes, et de sa pratique de différents pays, elle a développé une sensibilité particulière à l’enjeu que présente la maîtrise d’une langue maternelle, catalyseur essentiel à l’essor de la confiance dans une société.

septembre 2023 - entretien N°39

Peer de Jong : « Le modèle de la coopération française n’a pas évolué depuis 1960, alors que le monde et la France ont changé. »

Ancien colonel des troupes de marine et aide de camp des présidents François Mitterrand et Jacques Chirac, Peer de Jong est aujourd’hui senior vice-président de l’Institut Themiis, une structure dédiée à la formation de la haute hiérarchie militaire et civile de pays concernés par des opérations de maintien de la paix. Spécialiste reconnu de l’Asie et de l’Afrique, auteur d’ouvrages sur la géopolitique du Sahel et sur les sociétés militaires privées (SMP), Peer de Jong évoque pour Socle les avantages de ces entreprises, nouvel outil d’influence dont disposent aujourd’hui les États. Et bien sûr, Peer de Jong nous parle aussi de son expérience unique en tant qu’homme de confiance par excellence de la République : ses fonctions d’aide de camp du président !

juillet 2023 - entretien N°38

Patrice Valantin : « Il ne faut jamais oublier que les sociétés sont fragiles. Les tensions actuelles en France me font souvenir que l’on ne peut pas jouer éternellement avec les vertus. »

Diplômé de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et ancien officier de la Légion étrangère, Patrice Valantin est un entrepreneur du génie écologique. De son expérience des opérations extérieures en Bosnie, il retient que les sociétés humaines sont fragiles et nécessitent un engagement de chacun pour maintenir un équilibre harmonieux. Ce à quoi il s’emploie via l’association Irvin qu’il a fondée en 2014 pour accompagner des jeunes en quête de sens, en leur proposant de se reconnecter au vivant et de les sensibiliser au fonctionnement des écosystèmes naturels, à l’équilibre tout aussi précaire. De la pratique des vertus à la finalité de la morale, de l’observation de la nature à la volonté de réancrer l’économie dans les territoires, Patrice Valantin nous fait part de ses constats, issus de son expérience du terrain.

juin 2023 - entretien N°37

Pierre-Édouard Stérin : « En tant qu’entrepreneur, je considérais qu’il ne fallait pas tout attendre de l’État. Dans la philanthropie, c’est la même chose : chacun doit s’engager ! »

Entrepreneur et investisseur, Pierre-Édouard Stérin est l’un des principaux business angels français. Diplômé de l’EM Lyon, il lance en 2003 la marque de coffrets-cadeaux Smartbox, aujourd’hui leader mondial. La réussite n’est pas le fruit d’une bonne fortune au sens antique du terme, mais bien de l’humilité, du labeur et de la ténacité, toutes vertus expérimentées par Pierre-Édouard Stérin, lequel s’est accroché dès sa jeunesse à ce rêve improbable pour un enfant en échec scolaire : devenir milliardaire. De cet objectif sans concession, il a déroulé une stratégie pour en faire une réalité, jusqu’à mesurer de manière quasi mathématique la confiance accordée à ses collaborateurs. Mais la réussite financière acquise n’était finalement que le moyen d’un nouvel objectif, celui de faire la bonne fortune des autres, au profit du bien commun. Là aussi, sans concession : donner tout.

mai 2023 - entretien N°36

Éric Larchevêque : « Les monnaies-dettes disparaîtront au profit d’un retour à un système de confiance assis sur la réalité : celui des monnaies-valeurs, comme l’or en son temps, comme le bitcoin aujourd’hui. »

Éric Larchevêque est un entrepreneur et investisseur, spécialiste de la blockchain et des cryptomonnaies. Ingénieur passionné par le bitcoin dès sa création, il crée en 2014 La Maison du Bitcoin, premier comptoir physique dédié à l’achat-vente de cryptomonnaies et occasion magnifique de susciter des synergies sur le sujet : il lance la plateforme Coinhouse dans la foulée et cofonde l’entreprise Ledger avec d’autres entrepreneurs. En concevant et commercialisant des portefeuilles physiques de cryptoactifs, cette start-up est devenue l’une des licornes françaises et le leader mondial de la sécurisation des cryptoactifs. Éric Larchevêque nous parle donc de ce sujet qui fait tant débat : peut-on faire confiance aux cryptos ? Et nous transmet au passage sa vision du bitcoin : une véritable révolution monétaire qui ne fait que commencer.

avril 2023 - entretien N°35

Christian Marcon : « La plupart des gens ne se sentiront à l’aise dans un réseau que s’ils peuvent croire à la fiabilité des autres membres et leur faire confiance. »

Professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’IAE- Université de Poitiers, Christian Marcon est un spécialiste de l’intelligence économique, notamment sous l’angle de la communication, et mène depuis plusieurs années des recherches sur les stratégies d’acteurs en réseau. À ce titre, il a développé une véritable expertise sur les systèmes de réseau et insiste sur la nécessité de déployer une stratégie pour profiter véritablement de leur puissance. Fin connaisseur des processus de la confiance, il passe au crible les critères de réussite d’un réseau et nous parle de raison d’être, d’éthique et de qualité des liens entre les membres. Une immersion au cœur du fonctionnement des réseaux, ou comment naît la confiance !

mars 2023 - entretien N°34

Clotilde Champeyrache : « Dès lors que la violence existe, il ne peut y avoir de confiance réelle entre les mafieux. Il s’agit d’une forme d’assujettissement, doublée de l’omerta. »

Clotilde Champeyrache est économiste, spécialiste du crime organisé et de la mafia. Maîtresse de conférences au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), elle a publié de nombreux ouvrages sur l’économie criminelle. Dans cet entretien accordé à la suite de l’arrestation en janvier dernier du parrain Matteo Messina Denaro, elle souligne avec vigueur à quel point l’infiltration des activités mafieuses dans l’économie légale est un sujet ignoré – parfois même volontairement. Loin des fantaisies hollywoodiennes, Clotilde Champeyrache rappelle également que les mafieux ne sont pas gens de « confiance » (!), mais obéissent à une logique d’assujettissement. Empêchant les liens de confiance entre la population et les acteurs politiques et économiques, les mafias aspirent à se poser en intermédiaires des relations sociales, voire, comble de l’ironie, en véritables juges de paix.

février 2023 - entretien N°33

Romain Lavault : « À nous de veiller à ce que la Tech nous serve et nous développe comme humains, mais ne nous transforme pas en esclaves assoiffés de leur dopamine numérique. »

Depuis 2013, Romain Lavault est directeur associé du fonds de capital-investissement Partech, spécialisé dans les activités technologiques et premier fonds à investir dans Gens de Confiance en 2016. Polytechnicien diplômé de SupAéro, Romain Lavault a notamment exercé ses talents d’entrepreneur au sein de start-up en intelligence artificielle, avant de devenir vice-président Stratégie de Dassault Systèmes puis de rejoindre Partech. Son parcours a fondé chez lui une expertise fine de la Tech, doublée d’une véritable passion pour ce domaine qui révolutionne nos sociétés. Avec sagesse et enthousiasme, Romain Lavault nous invite à réfléchir sur la confiance que nous pouvons accorder à la technologie, et la responsabilité qui nous incombe. User intelligemment des promesses de la Tech en orientant ses applications au service de l’humanité, là est la clé.

janvier 2023 - entretien N°32

Guillaume Vuillemey : « La confiance ne peut exister que de manière territorialisée. Je ne crois pas qu’elle puisse s’inscrire dans l’abstrait, de manière universelle en quelque sorte. »

Guillaume Vuillemey est professeur de finance à HEC Paris. Diplômé d’un doctorat en économie (Sciences Po Paris), ses travaux de recherches sur la responsabilité des entreprises l’ont mené à identifier les dérives de la mondialisation. Cette dernière ne favorise qu’une fraction restreinte d’acteurs économiques, sans jamais conditionner leurs profits à la préservation des biens communs. Dans Le temps de la démondialisation (Seuil, octobre 2022), Guillaume Vuillemey analyse ce clivage entre perdants et gagnants de la mondialisation, de ses origines à la crise de défiance qu’il engendre. Pour Socle, il insiste sur la dimension territoriale dans laquelle la confiance doit s’inscrire, afin de permettre aux communautés politiques de réaffirmer leur souveraineté face aux intérêts commerciaux, garantissant ainsi la sauvegarde de l’environnement et la cohésion sociale.

décembre 2022 - entretien N°31

Mathieu Lours : « Le patrimoine est un héritage commun, socle de confiance et de fédération pour tous ceux qui acceptent de le recevoir et s’intègrent de fait à une communauté »

Historien de l’architecture, Mathieu Lours est spécialiste des cathédrales et du patrimoine religieux. Docteur en histoire, il enseigne à l’université de Cergy-Pontoise et en classes préparatoires aux grandes écoles, ainsi qu’à l’École Chaillot qui forme les architectes du patrimoine. Que ce soit à travers ses nombreux ouvrages ou ses interventions dans différents médias, Mathieu Lours aime à rappeler la dimension bien vivante de notre patrimoine, et notamment de ses édifices religieux. Loin d’une approche purement structurelle, il souligne les raisons de leur édification, de leur forme comme de leur esthétique, et se fait le relais du message que ces monuments continuent de nous transmettre. Par-delà les siècles, le patrimoine est notre héritage commun, signe toujours actuel de rassemblement et de fédération.

novembre 2022 - entretien N°30

Philippe Royer : « En osant explorer nos talents et entreprendre notre vie, nous pouvons révéler aux autres qu’ils doivent se faire confiance »

Entrepreneur dans le secteur agricole, Philippe Royer a dirigé durant de nombreuses années des entreprises spécialisées dans le conseil en élevage, d’abord Clasel puis le groupe Seenergi. Il a accompagné à ce titre plusieurs milliers d’exploitations afin de conjuguer dans leurs pratiques le vivant et la modernité. Au cours de son expérience, Philippe Royer a mis en pratique le modèle de l’économie du bien commun et constaté la fécondité qu’il génère. Convaincu de sa pertinence, il a publié en 2022 S’engager pour le bien commun (Éditions Emmanuel) et nous appelle à cesser d’être uniquement spectateurs ou commentateurs du monde, afin d’en devenir acteurs. Chacun se doit de mobiliser ses talents pour le bien de tous, pour enclencher ainsi le cercle vertueux de la confiance. Une raison d’être qui rejoint celle de Gens de Confiance !

octobre 2022 - entretien N°29

Ali Laïdi : « Par le contrat social, nous acceptons de donner notre confiance à l’État et donc de renoncer à notre légitime défense, en échange de sa promesse de protection »

Ali Laïdi est journaliste, docteur en science politique et chercheur spécialisé en intelligence économique. Il dirige notamment l’émission « L’entretien de l’intelligence économique » sur France 24 depuis 2006. Auteur de nombreux ouvrages sur la guerre économique, il vient de publier aux éditions Passés composés Histoire mondiale du protectionnisme, dans lequel il revient sur le passé très récent de la pleine liberté économique, au plus âgée d’un siècle et demi en Occident, quand le protectionnisme peut se targuer d’une origine antique et d’une étendue quasi universelle. À l’encontre des idées reçues sur le libre-échange et bousculant les habitudes de pensée, Ali Laïdi nous interroge sur la question de la protection. N’est-elle pas la première préoccupation des êtres humains, et partant le premier gage de confiance attendu d’un État par ses citoyens ?

septembre 2022 - entretien N°28

Agnès Audier : « Si l’on veut ré­ industrialiser notre pays, une volonté politique est évidemment nécessaire pour recréer un climat de confiance propice aux investissements »

Ingénieur en chef du Corps des Mines, normalienne et agrégée de physique, diplômée de Sciences Po Paris, Agnès Audier a exercé en ministère – en particulier en tant que directrice de cabinet de Jean-Pierre Raffarin, ministre des PME, et conseillère de Simone Veil –, puis à des postes de direction de grands groupes tels Vivendi et Havas, avant de rejoindre le BCG. Au sein de ce cabinet de conseil, elle a beaucoup investi notamment sur la transformation numérique de différents secteurs : l’industrie, les transports, la santé publique, etc. Parallèlement, Agnès Audier s’est toujours engagée dans le domaine social associatif, et préside bénévolement la structure SOS Seniors. Son approche scientifique, jointe à ce parcours unissant public et privé, a nourri chez elle un sens de la mesure et des équilibres, qu’il est riche de cultiver pour soutenir la confiance à travers les grandes transformations économiques et sociales d’aujourd’hui.

juillet 2022 - entretien N°27

Aude de Kerros : « Par la communion à travers le beau, l’art peut aider à restaurer une confiance disparue »

Graveur et peintre, ayant bourlingué sous toutes les latitudes, Aude de Kerros est également connue pour ses essais critiques à l’endroit de l’art contemporain, perçu par elle surtout comme un produit financier, dont la valeur est fabriquée en réseau fermé. À rebours d’une telle appréhension, elle plaide pour un retour à l’atelier et à un art authentique, parlant aux sens et à l’âme de tous. Avec parfois des effets très concrets : ainsi, la contemplation partagée d’une œuvre d’art et le bonheur qui en découle peuvent souder « magiquement » une communauté et faire renaître des liens de confiance, y compris dans les pires moments. Aujourd’hui, grâce aux atouts du numérique, l’œuvre d’art qui séduit le cœur de chacun d’entre nous peut être aisément accessible. Preuve que la technique et l’esthétique ne sont pas antinomiques mais bien plutôt complémentaires.

juin 2022 - entretien N°26

Erwan Le Méné : « Planter un arbre est un signe de confiance en l’avenir. Malgré le contexte écologique alarmant, il nous faut garder cette confiance, sans quoi nous sommes incapables d’agir »

Ingénieur de formation, titulaire d’un MBA en finance, Erwan Le Méné allie son expérience en banque de financement et d’investissement à son désir de préserver la nature. C’est en 2014, lors d’un voyage au Danemark, pays phare dans l’innovation écologique, qu’il prend conscience de l’urgence de valoriser en France le développement durable. Entendons ici « valoriser » au sens propre du terme : apporter de la valeur, et apprécier ainsi un geste écologique en vertu de ce qu’il construit et non simplement au regard de ce qu’il compense – ou tente de compenser. En 2016, Erwan Le Méné en vient donc à cofonder la société EcoTree, qu’il préside depuis. Recherchant une alliance entre écologie et économie, cette start-up propose à des entreprises et à des particuliers de devenir propriétaires d’arbres, assurant pour eux une gestion forestière durable.

mai 2022 - entretien N°25

Anne Roumanoff : « De toute évidence, l’humour est culturel et sociétal. Il varie selon les époques et les lieux, même s’il est une chose qui reste universelle : la condition humaine »

Humoriste et comédienne, tant connue pour ses spectacles que pour ses émissions de radio ou ses chroniques dans la presse, Anne Roumanoff cultive depuis plus d’une trentaine d’années le don de croquer ses contemporains avec finesse et sensibilité. Que ce soit sur scène ou à l’antenne, cette ancienne élève diplômée de Sciences Po Paris exprime son goût pour l’actualité, mais revisitée selon son art, sur un ton décalé et dans la bonne humeur. S’inspirant sans cesse de la nature humaine, jouant des mots et des subtilités de langage tout en déployant une énergie revigorante lors de ses one-woman-shows, Anne Roumanoff est au cœur du sujet pour nous parler du rire et de sa capacité à créer un lien de confiance. Un numéro de Socle particulièrement pétillant !

avril 2022 - entretien N°24

Philippe Dewost : À l’ère des technologies numériques, la confiance transitive fondée sur l’humain pourrait permettre des décisions rapides et qualitatives

Avec plus de 25 ans d’expérience dans les technologies numériques, Philippe Dewost en est l’un des pionniers français. Ancien élève de l’ENS Ulm, ingénieur du Corps des Mines, il a d’abord cofondé Wanadoo puis exercé des fonctions de direction tant dans des start-up ou des grands groupes que dans la sphère publique. Cette expérience multiforme a nourri chez lui une vision très approfondie de la révolution numérique. Il transmet aujourd’hui cette réflexion aux étudiants de l’EPITA, l’École pour l’informatique et les techniques avancées dont il a pris la direction en octobre 2021. Il a également publié en février De mémoire vive – Une histoire de l’aventure numérique aux éditions Première Partie. Dans cet entretien, il revient sur les ruptures sociétales provoquées par les récentes innovations technologiques et leur impact en matière de confiance.

mars 2022 - entretien N°23

Pierre-Hervé Grosjean : « On ne fait pas confiance à quelqu’un parce qu’il a une apparence parfaite, mais parce qu’il est vrai avec nous »

Curé de la paroisse de Montigny-Voisins en région parisienne, l’abbé Pierre-Hervé Grosjean a souvent été amené à relayer publiquement le message de l’Église. Il a cofondé en 2007 et animé jusqu’en 2020 Padreblog, un site d’information, alimenté par une équipe de prêtres, pour relire l’actualité au regard de l’Évangile et approfondir sa foi. Secrétaire général de la commission « Éthique et Politique » du diocèse de Versailles, il a également lancé en 2010les universités d’été Acteurs d’Avenir dans le but de former les décideurs chrétiens de demain. L’abbé Grosjean est l’auteur de plusieurs ouvrages parus chez Artège, dont le récentÊtre prêt. À l’aune de cette expérience originale de l’apostolat et de son engagement médiatique, PierreHervé Grosjean nous parle de la nécessité de participer à la construction du bien commun fondant notre société, en cultivant espérance et prudence pour mieux créer de la confiance.

février 2022 - entretien N°22

Raphaël Chauvancy : « Sur le terrain, il ne reste que la confiance qui crée un lien aussi invisible que robuste entre les individus et les fait accéder à une forme de communauté spirituelle »

Officier supérieur des Troupes de Marine au sein de l’armée française, Raphaël Chauvancy est actuellement détaché auprès des UK Commando forces – Royal Marines britanniques. Également professeur de stratégie à l’École de guerre économique, il a publié récemment Agir ou subir ? (Dunod, février 2022) et Les nouveaux visages de la guerre (VA Éditions, 2021). Disséquant la façon dont fonctionne la confiance au sein des unités de combat, il en tire des enseignements, rappelant que les Anglo-Saxons pratiquent depuis longtemps et de manière décomplexée la transmission des savoir-faire militaires vers le monde civil. Raphaël Chauvancy salue aussi les vertus du parrainage, cet engagement réciproque capable de créer une forme de conscience collective.

janvier 2022 - entretien N°21

Bertrand du Marais : « Stabilité des relations économiques internationales et confiance juridique vont de pair »

Diplômé de l’ESSEC (1985) et ancien élève de l’ENA (1989), Bertrand du Marais est conseiller d’État. Son expertise juridique est riche d’une double expérience : d’une part professionnelle, avec des années de pratique dans la haute fonction publique ou auprès d’institutions internationales ; et d’autre part universitaire, grâce à plus d’une décennie d’enseignement du droit public et de recherche. De cette connaissance à la fois pragmatique et académique, Bertrand du Marais a mûri une réflexion pointue sur les interactions entre le droit et les sciences économiques, problématique d’ailleurs abordée par l’influent think tank FIDES qu’il a cofondé et préside. Les échanges accordés à Socle mettent en lumière les mécaniques qui régissent notre société, voire qui l’entravent. Ils ouvrent aussi la porte à une approche alternative.

décembre 2021 - entretien N°20

Geneviève de Cazaux, grand reporter : « Dans chaque rencontre, l’engagement professionnel autant que personnel fonde une relation de confiance »

Journaliste spécialisée en politique et en Défense, grand reporter, Geneviève de Cazaux a tiré de ses plus de 35 ans chez TF1 et de ses nombreuses missions en zone de guerre, une connaissance fine de l’humain. Dans le paysage de ses souvenirs se côtoient de grands noms – issus du monde des médias, de la politique, des affaires internationales, de l’Armée, de l’humanitaire… –, mais aussi une foule d’inconnus ayant laissé trace de leur courage en temps de guerre, de leur abnégation au service d’autrui, de leur joie à vivre la confiance retrouvée. Là réside l’un des talents de Geneviève de Cazaux, membre de Gens de Confiance : nous laisser deviner, derrière le témoignage de sa vie, la richesse de toutes les vies qu’elle a su découvrir par son humanité et sa simplicité, et révéler par la rigueur de son travail.

novembre 2021 - entretien N°19

Nicolas Truelle : « Si la confiance peut exister a priori, celle qui se construit pas à pas, et résulte d’une décision, est bien plus forte »

Polytechnicien diplômé des MINES ParisTech, Nicolas Truelle a d’abord consacré sa carrière à la haute administration d’État puis à la direction d’entreprises, avant d’engager encore plus ses responsabilités professionnelles au service de ses convictions humaines. Ainsi devient-il, en juillet 2015, directeur général d’Apprentis d’Auteuil. Cette célèbre fondation reconnue d’utilité publique est forte de 150 ans d’expérience dans l’accompagnement de la jeunesse malmenée par la vie. Avec cœur tout autant qu’avec pragmatisme, Nicolas Truelle nous parle de la lente reconstruction de la confiance chez les enfants au passé déjà lourd de blessures, raconte le chemin suivi par Apprentis d’Auteuil dans son travail d’accompagnement toujours renouvelé et évoque les besoins actuels des jeunes.

octobre 2021 - entretien N°18

Michel Foucher : « Des forêts tropicales aux salons diplomatiques, la confiance est une et multiforme »

Agrégé de géographie, docteur en lettres et sciences humaines, Michel Foucher est un géopoliticien reconnu, spécialiste des frontières. Jeune, il parcourait les contrées les plus reculées de notre monde. Au fil des ans, Michel Foucher est devenu conseiller du ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, directeur du Centre d’analyse et de prévision du Quai d’Orsay, ambassadeur de France en Lettonie… Belle synthèse d’un homme alliant l’expérience du terrain à la connaissance des arcanes de la diplomatie ! L’une des clés de sa réussite réside dans la place qu’il accorde à la confiance entre les êtres humains : « La confiance se gagne par l’écoute, par la valeur du questionnement et le recoupement des informations obtenues. La maîtrise des langues, l’ouverture à d’autres cultures mais aussi l’empathie sont les conditions préalables pour des échanges fructueux. »

septembre 2021 - entretien N°17

Christian Harbulot : « Ne confondons en aucun cas confiance et dépendance ! »

La récente affaire de l’annulation du contrat des sous-marins vendus par Naval Group à l’Australie montre à l’évidence que nous nous berçons parfois d’illusions, parlant de confiance quand nous sommes en fait sous dépendance. Fondateur et directeur de l’École de guerre économique, Christian Harbulot met en relief les faiblesses hexagonales révélées par ce dossier. Il souligne notre paresse intellectuelle qui nous empêche de voir la réalité géopolitique et géoéconomique d’un monde contemporain mondialisé, où tous les coups sont permis, puisqu’en réalité, seuls comptent in fine les rapports de force. Christian Harbulot nous invite à en finir avec l’angélisme, à redéfinir une vision stratégique digne de ce nom et prône l’engagement d’un combat collectif reposant sur une confiance retrouvée.

juillet 2021 - entretien N°16

Patrice Franceschi : « La confiance est engendrée par un acte. Ainsi instituée, elle a cette capacité formidable de générer une nouvelle action encore plus puissante que la précédente »

Depuis les années 1970, Patrice Franceschi a pris la mer autant que les armes ou la plume pour explorer, défendre, rendre compte du vaste monde auquel il s’est confronté. Écrivain-aventurier, tel est son talent et la richesse qu’il transmet à ceux qu’il embarque sur son trois-mâts La Boudeuse. Engagé en Afghanistan contre l’URSS, soutien actif des Kurdes de Syrie contre Daech, Patrice Franceschi a organisé nombre d’explorations scientifiques et de missions humanitaires, et présidé la Société des explorateurs français ainsi que l’ONG Solidarités International. Toutes ces expériences de terrain, sans cesse assimilées et pensées à travers l’exercice de l’écriture, ont nourri une philosophie réaliste et une bibliographie abondante. Côtoyer l’humain en des situations si variées, et souvent si risquées, a ciselé en lui une fine connaissance de la confiance qu’il partage avec nous dans ce numéro de Socle.

juin 2021 - entretien N°15

Erwann Rozier : « Il faut considérer la confiance au sein d’une entreprise comme un actif, qui se construit brique par brique, avec patience et humilité »

Cofondateur de Fly The Nest, un collectif accompagnant les entreprises à chaque étape de leur croissance, et coauteur de Fly, le guide pratique pour réussir son aventure collective, Erwann Rozier aime à partager son expérience de l’entrepreneuriat et sa mise en pratique de l’intelligence collective. Expression de la vision propre à chaque entreprise, illustration de ses valeurs et de sa culture, identification des leaderships, gestion de la connaissance, de tels sujets sous-tendent l’aventure entrepreneuriale. Ils en tissent la trame essentielle en fondant la confiance de chaque participant à ladite aventure et en renforçant son engagement. Erwann Rozier revient sur ces fondamentaux et analyse le levier de la confiance dans une dynamique d’équipe.

mai 2021 - entretien N°14

Yannick Bestaven : « Remporter un Vendée Globe nécessite de la confiance en soi, mais aussi beaucoup de confiance en son équipe »

Vainqueur du Vendée Globe 2020-2021 et navigateur expérimenté de la compétition transocéanique, Yannick Bestaven nous invite à embarquer pour suivre le périple de la confiance en ce domaine très spécifique qu’est la course au large. Qu’il s’agisse de gestion de la confiance en soi dans des conditions naturelles extrêmes et vécues en solitaire, de la confiance au sein d’une équipe de préparation de course, ou encore de la solidarité entre gens de mer, l’horizon est vaste pour traiter du sujet de prédilection de Socle. Yannick Bestaven a accepté de nous en parler, sans oublier d’aborder au passage son goût pour l’innovation technologique et l’expérience d’entrepreneur qui s’ensuit.

avril 2021 - entretien N°13

Gérard Chaliand : « Face au formidable dynamisme des nouvelles puissances qui émergent, il est urgent de se donner les moyens de retrouver confiance en nous-mêmes »

Stratégiste et géopoliticien de renom, Gérard Chaliand nous invite à méditer sur le rôle que joue la confiance au sein des sociétés en guerre. Né en 1934, il a fréquenté pendant un demi-siècle d’innombrables mouvements de libération et guérillas. Issu de l’extrême gauche anticolonialiste, il fut accueilli en « camarade » au sein de ces organisations dont il a décortiqué les arcanes. Revenu très tôt de ces utopies révolutionnaires, il pose désormais un regard sans concession sur le basculement du monde qui voit la montée en puissance de l’Asie et le grand reflux de l’Occident. Et plaide pour que nous retrouvions, en même temps que le courage et la lucidité, cette confiance qui est le ciment de nos sociétés.

mars 2021 - entretien N°12

Jean-David Chamboredon : « Dans le monde du capital-investissement, les promesses tenues décuplent la confiance »

Honorer de sa confiance de jeunes entrepreneurs, en soutenant financièrement leurs projets, et développer ainsi l’écosystème des start-up françaises, telle est la mission que s’est donnée Jean-David Chamboredon, investisseur en capital risque. Polytechnicien, il a débuté sa carrière dans le conseil (13 ans chez Capgemini) et fondé le Capgemini Telemedia Lab dans la Silicon Valley en 1997. Il a ensuite rejoint le monde du capital-investissement, français ou anglo-saxon. En 2009, il co-fonde ISAI, un fonds spécialisé dans le secteur de la « tech »… et qui compte Gens de Confiance dans son portefeuille de gestion ! Pour Socle, il a accepté de revenir tant sur les ressorts de la confiance entre entrepreneurs et investisseurs, que sur les nouveaux aspects de celle-ci expérimentés grâce à l’essor du web.

février 2021 - entretien N°11

Nathalie Gerrier : « Grâce à la confiance, handicap et professionnalisme peuvent aller de pair ! »

Quand vous demandez à Nathalie Gerrier pourquoi elle a choisi de faire confiance aux personnes en situation de handicap, elle vous répond invariablement d’un désarmant : « Et pourquoi pas ? ». Une évidence qui, c’est le moins que l’on puisse dire, n’en était pas une quand, avec son époux, Christophe, elle a lancé Handirect en 1996, premier réseau national de services administratifs aux entreprises qui emploie 80 % de salariés handicapés ! Un succès qu’elle a choisi de prolonger en prenant la tête de l’association Grandir à l’École et en Société, créée en 2000 pour promouvoir l’inclusion des jeunes handicapés, et en ouvrant, en 2018, un restaurant qui leur réserve 75 % de ses emplois. C’est cette saga de la confiance qu’elle a acceptée de nous raconter.

janvier 2021 - entretien N°10

Général Jean-Claude Gallet : « La confiance dans l’avenir ne peut se construire que dans l’action »

Entré dans l’Histoire pour avoir sauvé Notre-Dame à la tête de ses hommes, le général Jean-Claude Gallet vient de co-signer, avec le journaliste Romain Gubert, un Éloge du courage (Grasset) qui, en cette période d’incertitude, est sans doute l’essai le plus roboratif pour commencer l’année… avec confiance ! Pour GDC, celui qui commanda jusqu’en décembre 2019 la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris a accepté de revenir sur les leçons de vie tirées de son expérience opérationnelle. Confronté aux situations de crise les plus variées, en France comme à l’étranger, cet amoureux d’Homère s’est forgé la conviction que face à l’adversité, le repli sur soi est la pire des solutions. Et le sens du collectif, le meilleur antidote au doute.

décembre 2020 - entretien N°9

Erik L’Homme : « L’imaginaire et le merveilleux sont des ciments de la confiance »

Grand voyageur, montagnard, homme de rêve et homme d’action, Erik L’Homme est surtout connupar ses écrits pour la jeunesse qui lui ont valu une notoriété internationale, avec des livres traduits en 26 langues. Dans sa vie d’aventurier ou via la littérature, il transmet à ceux qui l’entourent des clés magiques pour percevoir notre monde dans tout ce qu’il offre de merveilleux. À l’époque de Noël et des fêtes de fin d’année, il est réconfortant d’introduire dans nos pensées une once de cette dimension onirique. Membre de Gens de Confiance, Erik L’Homme nous invite à retrouver nos repères. Invoquant la sagesse des tribus de l’Hindou Kouch parmi lesquelles il a vécu, il nous rappelle que la solidarité et la confiance sont les fils invisibles qui soudent le corps social.

novembre 2020 - entretien N°8

Michaël Peyromaure : « Entre les Français et l’hôpital, le contrat de confiance est menacé par l’individualisme et la bureaucratie »

Chirurgien réputé, le professeur Michaël Peyromaure dirige le service d’urologie de l’hôpital Cochin, à la tête duquel il a succédé voici quelques années à Bernard Debré. Lequel, juste avant sa disparition en septembre dernier, avait accepté le principe d’un entretien pour Socle sur la question clé de la confiance en matière médicale. Un sujet central dont traite brillamment Michaël Peyromaure dans l’essai sans concession qu’il vient de signer aux éditions Albin Michel : Hôpital, ce qu’on ne vous a jamais dit… Si, selon lui, la médecine résiste mieux que d’autres secteurs aux assauts de la défiance, elle n’en est pas moins menacée par certaines dérives dont il pointe les dangers. Non sans proposer ses solutions à la lumière de son expérience.

octobre 2020 - entretien N°7

Claude Revel : « La confiance est un outil majeur de management des connaissances »

Ancienne déléguée interministérielle à l’Intelligence économique auprès du Premier ministre de 2013 à 2015, énarque, Claude Revel a partagé sa carrière entre le service de l’État et l’entreprise privée, en particulier dans le secteur du BTP. Pionnière française de l’influence professionnelle internationale, spécialiste des questions relatives aux normes, elle préside aujourd’hui le groupement d’intérêt économique « France Sport Expertise » et conseille la direction générale de SKEMA Business School. Auteur de plusieurs ouvrages de référence et de nombreux articles sur la question de la guerre économique, elle n’a cessé de réfléchir sur la logique de confiance en entreprise et dans l’univers professionnel en général. Claude Revel est membre de Gens de Confiance.

septembre 2020 - entretien N°6

Philippe Bilger : « La confiance dans la justice passe par la responsabilité des magistrats »

« Avoir confiance dans la justice de son pays ». Cette formule a-t-elle encore un sens à l’époque des tribunaux médiatiques qui vous encensent ou vous inculpent comme hier les « jugements de cour » chers à M. de La Fontaine ? La question est d’autant plus légitime que s’il est une institution qui, plus que toute autre, ne devrait pas souffrir la défiance, c’est bien l’institution judiciaire. Et spécialement la justice pénale, qui garantit nos libertés et sanctionne l’atteinte aux personnes comme aux biens. Pour y répondre, nul n’était mieux indiqué que le célèbre avocat général Philippe Bilger. Car ce magistrat, qui a requis dans le cadre des procès les plus retentissants des vingt dernières années, est d’abord un homme de culture – donc de nuances – qui ne cesse de réfléchir sur les moyens de réconcilier les citoyens avec ceux qui – ne l’oublions jamais – rendent la justice en leur nom.

juillet 2020 - entretien N°5

Hedwige Chevrillon : « L’information, ce sont d’abord des journalistes qui construisent une relation de confiance avec leurs téléspectateurs »

Intervieweuse vedette de BFM Business et éditorialiste de BFM TV, animatrice de L’Heure H, du lundi au jeudi, de12 h à 13 h sur BFM Business, Hedwige Chevrillon n’est pas seulement une journaliste de premier plan. Diplômée du MBA de HEC, familière du monde économique et de ses principaux acteurs, elle réfléchit, au-delà de la crise de confiance que connaissent les médias, sur celle qui traverse la société tout entière. D’où l’intérêt de l’entretien qu’elle a bien voulu accorder à Socle en un temps où l’on confond trop souvent information et opinion, journalisme et communication, débat légitime et invective. Vecteurs irremplaçables de la liberté critique, les réseaux sociaux, plaide-t-elle, ne seront jamais les égaux de la presse pour deux motifs clés : l’anonymat qui y règne trop souvent et, partant, l’opacité de leurs sources.

juin 2020 - entretien N°4

Frédéric Mazzella : « La confiance, voilà le moteur de l’économie numérique »

Comment avoir confiance en quelqu’un que l’on n’a jamais rencontré ? Ce défi, inatteignable sans les formidables ressources de l’économie digitale, Frédéric Mazzella et les équipes de BlaBlaCar, leader mondial du covoiturage, le relèvent chaque jour. Grâce aux instruments qu’ils ont créés mais aussi grâce à une vision qui rejoint largement celle de Gens de Confiance : la confiance ne tombe pas du ciel, mais est la conséquence de choix bien précis. En exclusivité pour Socle, Frédéric Mazzella revient sur cette expérience hors normes et sur la réussite de BlaBlaCar, qu’utilisent aujourd’hui plus de 90 millions de personnes dans le monde. Une solution qui permet d’économiser chaque année 1,6 million de tonnes de CO2. L’équivalent des émissions rejetées par les transports parisiens !

mai 2020 - entretien N°3

Général Vincent Desportes : « On ne relie les hommes que par la confiance »

Après un politologue (Jérôme Fourquet) et un sociologue (Michel Maffesoli), Socle donne ce mois-ci la parole à un militaire qui allie une solide expérience de pédagogue à sa longue pratique du commandement, y compris à l’international (attaché militaire près l’ambassade de France à Washington de 2000 à 2003). Ancien directeur de l’École de Guerre, le général Desportes se partage en effet depuis plusieurs années entre la réflexion stratégique, l’enseignement de haut niveau (Sciences Po Paris, HEC) et le conseil en entreprise. Derrière cet engagement, une conviction nourrie à l’épreuve des faits : l’armée, dont la cohésion s’obtient d’abord par la confiance, a beaucoup de choses à apprendre à la société civile en ces temps de défiance généralisée.

avril 2020 - entretien N°2

Michel Maffesoli : « J’ai confiance dans le retour de la confiance ! »

Professeur émérite de sociologie à la Sorbonne, explorateur de l’imaginaire reconnu internationalement, Michel Maffesoli consacre depuis plus d’un demi-siècle ses travaux à l’interaction entre idées et mutations des sociétés. Ignorer ce jeu subtil, c’est, selon lui, ne pas comprendre les évolutions réelles – politiques, économiques, culturelles, sociales… – à l’œuvre dans notre quotidien, où s’efface le rationnel au profit de l’émotionnel. En vérité, c’est cet imaginaire qui sculpte subrepticement notre réalité. Aussi l’individualisme se voit-il battu en brèche par le retour des tribus, fondées sur des passions communes, dont Michel Maffesoli fut le premier à annoncer le retour dans notre postmodernité. Or ces tribus, qui fleurissent à l’ère du numérique – et plus encore à l’heure du confinement ! –, fonctionnent sur un moteur-clé : la confiance.

mars 2020 - entretien N°1

Jérome Fourquet : La crise sanitaire remet au premier plan les valeurs de partage et de solidarité

La société française sortira-t-elle changée de l’épreuve du Coronavirus ? Quelles leçons peut-on déjà tirer de la séquence ouverte le 16 mars dernier par la décision d’appliquer aux Français les règles de confinement strict inaugurées en Chine puis en Italie ? Analyste éprouvé de l’opinion, le directeur des études de l’IFOP, Jérôme Fourquet, n’est pas un sondeur comme les autres. C’est aussi un géographe passionné d’histoire des mentalités, ce qui en fait l’une des personnalités les mieux qualifiées pour cadrer le sujet. Dans le sillage de son dernier livre, L’archipel français, naissance d’une nation multiple et divisée (Seuil, 2019) qui s’est imposé, en quelques mois, au cœur du débat d’idées, il évalue pour nous l’impact de la crise que nous traversons sur la valeur-confiance.